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Loup : la situation s’enlise en Italie

En mai dernier, 9 loups, 3 griffons et 2 corbeaux ont été retrouvés empoisonnés dans la région des Abruzzes.

Avec une population de loups estimée à près de 3 300 individus sur le territoire italien et un plan loup national qui tarde à sortir des cartons, les rapports entre éleveurs et riverains sont tendus.

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« Le loup provoque des tensions avec les éleveurs, les chasseurs, mais aussi les promeneurs qui laissent leurs chiens sans laisse et qui sont prédatés. Les meutes sont de plus en plus grosses et elles attaquent aussi les sangliers, les chevaux, les vaches… », explique Vito Mazzarone, technicien-forestier à la région de la Toscane. Les régions proposent ainsi des indemnisations en cas d’attaque et les moyens de protection sont mis en place… quand c’est possible.

Pas de tir de défense

« Les éleveurs en double actif ou de petits élevages, très fréquents dans la région, n’ont pas toujours les moyens d’avoir des chiens de garde, décrit-il. En revanche, les filets de protection de nuit sont toujours présents. » Comme en France, les attaques sont concentrées sur quelques élevages et non pas sur l’ensemble du territoire, mais le tir de défense est interdit en Italie. « Avec l’augmentation du nombre de loups, c’est le nombre d’abattage illégal et d’empoisonnement qui augmente aussi », ajoute Vito Mazzarone.

En mai dernier, 9 loups, 3 griffons et 2 corbeaux ont été retrouvés empoisonnés dans la région des Abruzzes. « C’est une meute entière qui a été éliminée, déplore Luciano Sammarone, directeur du parc national des Abruzzes. L’empoisonnement est un problème réel et concret. Le poison peut toucher le loup, mais il n’est pas sélectif. Il peut toucher également d’autres espèces comme l’ours, en voie d’extinction. C’est comme une bombe lancée dans un marché. »

Un nombre d’empoisonnements difficile à évaluer

Des équipes de gendarmes forestiers réalisent des inspections préventives pour rechercher les appâts. Même si le nombre d’empoisonnement est difficile à mesurer et les auteurs à identifier, les chasseurs, les éleveurs et chasseurs de truffes sont régulièrement cités. « Ici, le loup a toujours été présent et nous avons des indemnisations des dommages causés par le loup et l’ours à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur proche du parc. Mais la question de l’acceptation reste une question difficile pour certains éleveurs », détaille-t-il.

L’empoisonnement n’est pas la première cause de mortalité du canidé, mais les accidents de la route. « Lors d’un accident de la route, nous les ramassons, donc nous mesurons une mortalité réelle. Dans le cas d’un empoisonnement, c’est plus une mortalité observée, lorsque nous trouvons le corps de manière parfois fortuite. C’est plus difficile à estimer », précise Luca Mattioli, technicien-forestier de la région toscane.

Un plan loup qui tarde

Le dernier plan loup national italien date de 2002. En 2019, une proposition écrite d’un nouveau plan loup a été mise sur la table. Pour qu’il soit validé, il doit passer par la conférence Etat-Régions, où il doit obtenir l’unanimité des parties prenantes. Mais les débats se succèdent sur plusieurs points dont le statut d’espèce strictement protégée et l’autorisation du tir de défense formellement interdit en Italie.

« Les controverses ont lieu sur les dérogations à la protection, à savoir pour accorder la possibilité de capturer, tuer ou de dissuader par un tir non létal, explique Luca Mattioli, en charge du suivi du dossier. C’est là que s’opposent la vision d’un plan de conservation et un plan de gestion de l’espèce. » Pour la première fois, un monitoring national de terrain pour estimer le nombre de loups présents sur le territoire italien a été publié en 2022 annonçant 3 307 loups, mais le chiffre est déjà déclaré sous-estimé par le monde agricole.

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